T'as vu, il pleut encore... lisons Apolliniare
Ce matin à 9h, il ne pleuvait pas. Après avoir mise en route ma cafetière et camoufler ma tenue pyja-masque sous ma doudoune, d'un pas alerte je me dirige vers la boulangerie. Un croissant, un pain au chocolat, un pain au lait, une demie-baguette. Après ce petit déjeuner, je pars courir, me dis-je en mon for intérieur. Mon café est prêt. Je petit- déjeune, au lit, tranquillement, dans ce silence matinal...d'or. Ma journée est suspendue à l'état d'âme que je conclurai, à cet instant, avec moi même.
Je regarde dehors, j'aperçois un fin rideau de pluie...Un moment de lecture...Je me lève. Je vérifie: il pleut toujours. . J'ouvre la fenêtre pour être sûre, glisse ma main sous les gouttes. Petite pluie fine. Confiante dans une accalmie à venir, mon désir étant si puissant, je mets ma tenue pour couri. Et de 9H30 à 11h je surveille..le ciel. Météo sur internet: Paris sous les précipitations. Je renonce.
Je retrouve mon jean et déjà le 11 Novembre 1918, il pleuvait sur la France, 2c° à Paris...et le 13 Novembre de la même année, Guillaume Apollinaire était enterré au Père Lachaise. Mort de la grippe espagnole, comme 20millions de personnes dans la même année, faisant plus de victimes que la Grande guerre. Un copié collé de ces chiffres, un martèlement médiatique et on se serait tous faits vaccinés contre la grippe A...Toutes deux disparues subitement aussi vite qu'elles sont apparues...
Mais
revenons à Guillaume Apollinaire, poète d'avant-garde et critique
d'art. Il entretiendra une correspondance foisonnante avec les artistes
de son temps. Sa fréquentation des ateliers, galeries, cafés le lie
d'amitié avec Picasso, Matisse, Derain, Vlaminck. Son premier texte
important sur Picasso va l'introduire dans le cercle du Bateau Lavoir
de la rue Ravignan. Cette place m'est propice à l'errance et la
flânerie de la pensée. S'installer sur un banc avec un carnet de
croquis et esquisser des mots ou des lignes...dans l'ombre
d'Apollinaire ou Picasso...
La nudité des fleurs...
La nudité des fleurs c’est leur odeur charnelle
Qui palpite et s’émeut comme un sexe femelle
Et les fleurs sans parfum sont vêtues par pudeur
Elles prévoient qu’on veut violer leur odeur
La nudité du ciel est voilée par des ailes
D’oiseaux planant d’attente émue d’amour et d’heur
La nudité des lacs frissonne aux demoiselles
Baisant d’élytres bleus leur écumeuse ardeur
La nudité des mers je l’attife de voiles
Qu’elles déchireront en gestes de rafale
Pour dévoiler au stupre aimé d’elles leurs corps
Au stupre des noyés raidis d’amour encore
Pour violer la mer vierge douce et surprise
De la rumeur des flots et des lèvres éprises.
Ecrit par Guillaume APOLLINAIRE
Tous droits réservés ©
Et en ce 11 Novembre 2010, pour tous les amoureux présents, passés et à venir:
" La pluie tombe comme nous tombons amoureux: en déjouant les prévisions. " Martin PAGE, écrivain.
Une petite récréation visuelle