Réveil sous la pluie...
7h28. Je suis déjà prête et il me reste une heure avant d'animer un cours sur l'agressivité et la violence...Le temps de vous écrire un billet. Je vous livre mes pensées matinales, en vrac.J'entends la pluie régulière, incessante, qui scande d'un rythme soutenu mon éveil. Lève toi...Le réveil a sonné, ma fille pointe son nez.
Le temps du premier renoncement de la journée: rester au lit juste encore un quart d'heure. Non! Bon quelques minutes. Non plus. 6H45.Je veux rester dans mon rêve, celui où je gagne 360 000 €. Je me souviens très rarement de mes aventures nocturnes. Là, je m'en souviens si bien que je pourrai en faire un clip, le mettre en images. Des éléments m'échappent et vont disparaître au fil de mon agitation. La question est : Est ce un signe? Faut-il que j'achète un billet, un loto flash, un Banco...
Je m'extirpe de la couette et comme chaque jour, je descends me servir mon café, programmé la veille, puis je me recouche au moins un quart d'heure, à l'écoute de France Inter ou France culture. Informations sur Al-Quaida au Sahel, les otages exécutés au Niger, avec un éclairage d'un prof de Sciences Po. Judy Foster sera la présidente des Oscars en Février, pluie sur l'île de France toute la journée, émeutes en Algérie, "la police tire même sur les enfants..." .
Deuxième renoncement: Une actualité rayonnante ou un peu plus légère. Judy coincée entre le terrorisme et la gronde du peuple algérien, la réponse du gouvernement par une riposte meurtrière...Les propos enrobés d'un ton monotone, monocorde.
Troisième renoncement: Un système politique qui cherche à comprendre, qui se centre sur l'écoute démocratique et construit des réponses de gouvernance pour le bien être de tous et non le profit de quelques uns. Naïve, optimiste, idéaliste...Au réveil, c'est un bon remontant pour affronter tous ces renoncements et résister au climat morose.
Quatrième renoncement: Une journée ensoleillée comme celle d'hier,
Enfin cinquième renoncement: avoir encore une heure pour vous écrire...
Je pense à la chronique de l'agnèsmasquée sur le temps qui nous échappe, ce temps que l'on comprime. Je vous conseille le blog de l'agnès masquée, Assistante Sociale en hôpital psychiatrique pour adultes. Un ton drôle, parfois railleur. Elle témoigne de sa colère contre les systèmes institutionnels, son attachement aux patients, son épuisement, ses doutes de yogi, ses convictions à continuer à, se frotter à la folie des uns (pas toujours de ceux désignés comme tels) ou la lucidité qui y mène, ses aventures de week-end, ses lectures...
Voici un poème pour éclairer cette matinale. Prenons le temps de déguster ce poème de René Char, celui qui s'offre à nous, pris au hasard en ouvrant son recueil.
Morte Saison
Des immobilités sans doute bienfaisantes
Ont accru le silence
Les monts ont dévêtu leurs épaules hardie
Peut-être aux cimes
Au même passé au même avenir
Agonise un être qui eût soin de vivre
Tout demeurera dans le pesant silence
Jusqu'à ce que dressant leurs avants-bras d'étain
Les religions du soir en cortège s'avancent.
René Char
LN