Connaissez-vous Ellroy?
J’ai résonné à l’interview de James Ellroy, écrivain de polars américain, (eh oui j’envisage d’écrire du polar), diffusé sur France-Inter et mené avec finesse par l’animateur François Busnel dans l’émission « Le Grand entretien ». Invité à l'occasion de son dernier livre autobiographique.
Je
n’ai jamais lu Ellroy, bien que son premier livre Brown’s Requiem dort
dans ma
bibliothèque. J’ai entendu parler du Dahlia noir, L.A Confidential
et du côté très sombre de son oeuvre. « Le style d'Ellroy s'affirme par
une inventivité verbale crue et acide, dépeignant
avec rudesse les recoins sombres de la société américaine. »
Branchée
sur Ellroy, je me suis engouffrée dans le tunnel métropolitain,
maugréant sur le
tohu-bohu du monde extérieur. Ellroy ne sort quasiment jamais. Il
revendique sa solitude, se présente comme un ermite vivant en vase clos
pour éviter que l'univers de ses romans soit perturbé par
le monde bruyant. Sa seule activité est le travail
d’écriture. Il a peu d’amis, ne sort pas, voyage peu, ne lit pas, ne
s’intéresse pas à la marche du monde. Pas de
journaux, pas de télé, pas de radio. Pourtant ses romans dépeignent avec détails le contexte politique des USA.
Allongé
sur son lit, dans le silence absolu, des heures entières, il rumine,
réfléchit à son
écriture, fabrique ses personnages et passe le plus de temps
possible avec sa compagne. Passionné de Beethoven, il s’indigne des
gens, quadra, quinqua qui écoutent du rock. Sa critique de la
musique Rock, révèle son coté vieux réac et conservateur qu’il affiche.
Mais ce qui m’a le plus intéressé, c’est comment la pensée magique, du
meurtre de sa mère, enferme l’enfant Ellroy dans une destinée, chaotique, punitive et réparatrice... A l’occasion de son 10ème
anniversaire, sa mère, alors âgée de 43 ans, divorcée
depuis deux ans, le fait asseoir et lui demande : « Tu peux vivre
avec ton père ou avec moi. Qui tu choisis ? », « Papa ». Elle était
soûle, frappe violemment
Ellroy. Il tombe, se fracasse le crâne sur la table. Il l’insulte;
elle le frappe à nouveau. Se souvenant d’un livre sur les maléfices,
James Ellroy lance alors une malédiction contre sa mère,
souhaite âprement sa mort. « J’avais une volonté d’être heureux,
d’être rempli ». Par coïncidence, elle est assassinée trois mois plus
tard, retrouvée par une bande de jeunes.
L'assassin ne sera jamais arrêté. La conviction de sa toute
puissance et de sa culpabilité le suivra toute sa vie, comme l’empreinte
de son existence tourmentée. Si on suit la pensée magique de
sa prophétie, l’enfant a bien tué sa mère. James est confié à son
père et livré à lui-même. Il sombre peu à peu dans la délinquance. C’est
le cadre de cette malédiction, dit-il qui explique son
désir ininterrompu pour les femmes. « Plutôt que le crime, les
femmes est le voyage principal de ma vie. Je suis un romantique […]. La
malédiction a été levée car en 2007 j’ai rencontré
une femme que j’adore et qui est folle de moi." A 62 ans, amoureux , en pleine santé, il envisage d’écrire un second Quatuor de
L.A.
« Vous êtes totalement mégalo mais parfaitement génial. »
conclut l’animateur…
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LN