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Chatouillement De L'Âme
27 février 2011

127 pulsations minutes d'agacement...

127_heures

Convalescente, ce film  dont les  critiques unanimes mettaient en avant la vitalité, le triomphe de la vie dans une situation extrême,  je choisis de m’y rendre, avec confiance. Ma fascination pour  les grands espaces déserts, de terre ocre et rouge que j’avais remarqués lors de la bande annonce,  confirmait mon choix. Une très grande  salle, très confortable…des conditions optimum. Du monde,  mais peu de bruit, pas de bruitages  de pop corn en vue …

Dès les premières images,  que dis-je, sitôt la bande générique lancée,  j’ai senti que j’allais être agacée.  M’est alors revenue en filigrane une courte phrase d’un  critique : « certains seront énervés »,  j’allais en faire partie. Je me demandais si je n’étais pas dans une salle réservée aux malentendants. Un son envahissant, saturé. Je n’avais pas pris mes bouchons d’oreille. Aujourd’hui  dans ton sac à mains, l’accessoire indispensable fashion,  ce n’est plus le poudrier de nos mères , ni le tampon mini  mais la paire de bouchons d’oreille pour survivre : concert, ciné, métro,  sortez couvert,  capuchonnez vos petites oreilles…Les images,  en trois plan verticaux, font défiler des vues de foule pressée,  d’échangeurs routiers, le tout  dans des couleurs criardes: modernité-urbanité-saturée. Puis le héros solitaire  se prépare au départ. Réunit tous les accessoires du parfait randonneur et part sans révéler sa destination. Grave Erreur !!!

Enfin,  nous voilà  dans le Grand Canyon, des vues  splendides, une lumière dorée sur des dômes ocres rouges, sur  fond de ciel bleu pétard. Et le héros sur son vélo défile à vive allure. On pense à une pub pour le vélo, le casque  MP3 ou l’équipement du randonneur.Le film devient pub-clip-produit...

Voici les critiques que j’avais zappées  mais qui éclairent mon propos. «  Le réalisateur  est devenu maître dans l'art de transformer une réalité effrayante en conte de fées ripoliné, a boosté ce fait divers terrible en un pénible clip promotionnel pour sports extrêmes. » Télérama

« Ces heures de tension se résument à une suite de petites pubs " suédées " : hommage à Décathlon (...), clin d'œil à Hollywood Chewing-gum et aux shampoings Tahiti (...), remerciements à Coca Cola ()... Danny Boyle est un peu le De Palma du spot publicitaire. » Les Cahiers du cinéma. Défini comme  un «  film joyeux et superficiel".  Non pas très joyeux! il s’en sort handicapé quand même…Superficiel, oui …centré plus sur les astuces de survie du héros pour s’en sortir, sur son ingéniosité, que sur ses émotions  intérieures dans cette situation anxiogène.

Il a fallu que je m’occupe pendant ces longues minutes où il scie son bras avec un canif made in China. Et oui le héros a oublié de prendre son couteau suisse. Donc j'ai tenté de trouver du sens à ce film, au-delà d’un clip –pub. Je me suis laissée porter par mes associations libres. Je vous livre mon interprétation très personnelle, mais qui repose en partie sur ce qu’en dit le héros : le rocher qui coince son bras est le tournant de sa vie, qui va l e révéler à lui-même. « Cette épreuve m’attendait depuis toujours ». Ce roc  symbolise  l’image qu’il donne de lui-même, son idéal du Moi. Il s’est toujours affirmé  invincible, solitaire, n’ayant besoin de personne, solide comme un roc. S’il réussit à libérer son bras de ce rocher, il pourra reprendre la main sur son devenir pour être plus dans une image restaurée de lui-même. Quand il s’aperçoit qu’il n’a prévenu personne, son « Oups », bref mais incisif, traduit son  impuissance totale, face à la nature, aux éléments, mais surtout face à son orgueil démesuré. Son illusion de toute puissance, de héros invincible, l’a, en partie, amené à cette expérience, de s’en sortir seul, d’aller au bout. Le prix à payer sera de perdre l’image mythique du héros (et un bout de bras) pour habiter celle d’un homme ordinaire. Pas si ordinaire puisqu’il devient public…Le film est tiré d'une histoire vraie. La fin de l’histoire dégouline de morale, version Happy Family. Le héros se marie, a un enfant, poursuit ses randonnées, un bras en moins, en oubliant jamais de laisser un post-it pour préciser le lieu où il se rend. 

Tout en un : film- pub pour les couteaux suisses, film - prévention contre la randonnée en solitaire, film –moral, une  parabole sur les valeurs de l’happy family made in USA  …

LN 

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