Avant l'aube...
Je me faisais un plaisir de retrouver Jean-Pierre Bacri, un de ces acteurs à la fois cynique et tendre que j'affectionne. Sous ses airs désabusés il incarne la palette des sentiments de chacun sur l'existence, dans des dimensions qui paraissent banales, quotidiennes mais sont l'essence même de nos vies anonymes. Je suis donc allée avec enthousiasme voir ce film, Avant l'aube, deRaphaël Jacoulot. J'aime bien ces films français que l'on qualifie d'intimiste et où Bacri excelle.
Bacri, égal à lui même joue très bien , ainsi qu'un jeune acteur, Vincent Rottiers, que j'ai vu dans le film Je suis heureux que ma mère soit vivante de Claude Miller. Sylvie Testud en inspectrice décalée, maladroite, donne une note d'humour à cette ambiance plombée. L'intrigue se passe en Savoie, en plein hiver. La neige, les routes enneigées, la grisaille du paysage nocturne accentuent le caractère dramatique du récit.
L'intensité du film tient dans le duo Bacri-Rottiers et le film aurait gagné à se concentrer sur leurs rapports ambivalents, figurant ceux d'un père-fils, dans des tensions mêlant rivalité, protection, manipulation, affrontement, tous ces mouvements suggérés, en sourdine. L'intrigue a des incohérences qui rend peu crédible le propos et dénature l'ensemble. Le réalisateur n'a pas su prendre partie, choisir un angle. Il nous propose différents points de vue, sans choisir une ligne directrice. J'ai navigué, chavirée parfois sur la surface des éléments du récit, visuels ou narratifs. Et finalement je n'ai pu m'accrocher à aucune rampe.
Pour ce jeune acteur, Vincent Rottiers, j'ai eu l'impression qu'il était sorti du film de C.Miller pour rentrer dans celui ci, comme la suite de son histoire. Étrange...Joue-t-il son propre rôle, du moins un personnage en étroite proximité avec ce qu'il est. Prometteur...
Vous l'aurez compris, j'en suis sortie déçue, frustrée au regard de mon enthousiasme premier.
Vos avis complémentaires, contradictoires sont les bienvenus.
LN