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Chatouillement De L'Âme
11 mai 2011

Un film, un regard...La ballade de l'impossible

 

film_tile

Trn Anh Hùng, cinéaste français d'origine vietnamienne, réalise l'adaptation cinématographique de La Ballade de l’impossible, roman du japonais Haruki Murakami.  Ses romans décortiquent l’âme, avec lenteur, douceur, utilisant des contours, détours oniriques, voire loufoques. On s’y reconnait, on s’y perd, on n’y est plus, on s’y noie, on remonte dans la barque, on se laisse filer, on sourit, on pleure parfois de l’intérieur, on cherche le sens puis on se rappelle que Murakami s’adresse à nos émotions plutôt qu’à notre raison. Alors on ralentit la lecture …

La  Ballade de l’impossible: « Tokyo, fin des années 60. Kizuki, le meilleur ami de Watanabe, s’est suicidé. Watanabe quitte alors Kobe et s’installe à Tokyo pour commencer ses études universitaires. Alors qu’un peu partout, les étudiants se révoltent contre les institutions, la vie de Watanabe est, elle aussi, bouleversée quand il retrouve Naoko, ancienne petite amie de Kizuki. Fragile et repliée sur elle-même, Naoko n’a pas encore surmonté la mort de Kizuki. Watanabe et Naoko passent les dimanches ensemble et le soir de l’anniversaire des 20 ans de Naoko, ils font l’amour. Mais le lendemain, elle disparaît sans laisser de traces. Watanabe semble alors mettre sa vie en suspension depuis la perte inexplicable de ce premier amour. Lorsqu’enfin il reçoit une lettre de Naoko, il vient à peine de rencontrer Midori, belle, drôle et vive qui ne demande qu’à lui offrir son amour. » (Wikipédia).

 

Le film dévoile des paysages extraordinaires, aux contrastes vifs: grandes étendues, ou intérieurs intimes, jardins  fleuris. Les personnages vivent au rythme lent des saisons. Les éléments naturels très présents dans chaque plan forment  une enveloppe autour des personnages, comme une protection contre leur propre disparition, alors que le deuil est au centre de la narration. Les personnages sont toujours en étroite concordance avec la nature, en s’y adaptant, sans lutter contre. La nature se déploie dans tous ses micro-mouvements, on sent le vent sur nos visages, les embruns, la pluie, le froid de la neige adoucit par la chaleur des étreintes des amants…

Quand le film se situe dans la ville, les plans serrés incarnent un sentiment de proximité, de familiarité. J’ai cherché pendant un bon moment à quoi faisait écho cette lumière teintée de vert et de prune. Certes aux couleurs de mon intérieur mais finalement j’ai trouvé. Les plans de la première partie me rappellent les peintures de Pierre Bonnard, une lumière douce, feutrée,  une intimité où la parole se déroule en gestes et regards, sans mots, au risque qu’ils viennent briser cet indicible suspendu, partagé entre deux êtres, scellés à leur insu par la disparition de celui qui par sa mort les a réunit.

Sans doute, quelque chose m’échappe de la  version Japonaise des relations amoureuses, de leur expression, de la sexualité. Les personnages  sont contrits, plus que retenus. Les filles semblent figées dans un faux sourire. Les émotions se transcendent : la musique remplace le cri de douleur de l’homme…Dommage ! L’élégance, la poésie des images, des regards sont trop souvent  enrayés par des propos d’une réalité brute, qui suppriment l’émotion naissante.Ce film est lent, beau comme un arc en ciel de sentiments de l’attachement : la passion, la tendresse, l’amour, l’impuissance,  la tristesse, le chagrin, la joie, tout est suggéré, en retenue. C’est à la fois ce qui en fait sa force et la difficulté à s’y plonger.

Je suis sortie avec des images flash dans la tête, comme les bribes d’un rêve. Une ballade, devenue errance, de jeunes âmes aux prises avec la douleur du deuil, de l’amour-fusionnel, le désir impossible, qui s’échappe dès qu’on veut l’attraper, l’effleurer et la course de reprendre aussitôt. J’ai bien une lecture psychanalytique mais je vous épargne cette position divanesque J

Réalisateur du très beau film, L’odeur de la papaye verte (1992),  La ballade de l’impossible fait penser à  In the mood for love, une certaine « insoutenable gravité de l’âme » exprimée dans des gouttes de légèreté, en suspension…

Bon film  LN


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