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Chatouillement De L'Âme
14 août 2013

Périple d'écriture 2...

Aragon écrit Le paysan de Paris à l'age de 30 ans. Dans la veine surréaliste, il raconte une déambulation dans Paris, construit autour des descriptions précises des lieux, ponctuées des rêveries poétiques du narrateur. Ce roman lui a valu d'être fortement  critiqué par A.Breton qui lui reprocha une écriture construite et poétique, éloignée du surréalisme.

 L'extrait moteur de la proposition d'écriture est celui où le narrateur s'arrête devant un coiffeur pour dames. L'auteur décline alors la blondeur,  dans toutes ces expressions.  La proposition d'écriture était de redonner couleur à une ou plusieurs expressions délavées par l'usage.

Ecrire spontanément en 30mn, dans le sillon d'Aragon, n'a pas été facile. Encore subjuguée par la beauté du texte, j'ai senti pendant quelques minutes, l'angoisse de la page blanche. Plus une seule expression  me vint à l'esprit. Puis je m'élançais à la première expression que je retrouvais...

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 Bête comme tes pieds. Toi qui cours, tu sais bien, tout comme moi, que tes dix doigts de pied, bien alignés dans tes mizuno, sont d'une intelligence fracassante. Qu'ils effleurent le bitume de la ville, caressent les chemins, épousent les rotondités, évitent les arrêtes des cailloux, ils élancent nos corps vers l'horizon. Quand nos ongles de pied n'en font quà leur tête, du bleu au noir, ils perdent pied et le coeur bat la chamade. Ces petons, charnus, un beau jour, nous ont propulsés sur les hauteurs du monde des grands.

Bête comme chou me va mieux. Un gros chou vert sans âme, délavé par la sécheresse, du vert blanchi au vert jaunâtre, d'un goût amer.

A ces sottises insensées, je préfère ces figures de style. Jolie comme un coeur qui  sied si bien à ces jeunes filles en fleurs, dont les joues se teintent de rose à l'éclat de cette phrase veloutée. Jolie comme un coeur, quelle élégance. Douceur de la métaphore. Quand lâme embrasse l'apparence.

En aparté, entre nous, beau comme un camion révélerait il l'homme qui les conduit ou les camions eux-mêmes. Ces engins lancés à vive allure, monstrueux, qui avalent la terre et transpercent les paysages. Effrayants, majestueux, ils renferment ces jolis coeurs, épinglés sous les regards furtifs des chauffeurs mal rasés.

Beau comme un appolon épouserait jolie comme un coeur et la terre deviendrait bleu comme une orange, dans le reflet de leurs yeux de chien battu. Emois en tourbillon.

Bête comme un répondeur sans message, bête comme un chien à trois pattes, une chaise à trois pieds.

Beau comme un coucher de soleil.

Un coeur d'artichaut a enlevé une jolie comme un coquelicot...

LN

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