ou Comment cultiver le ciel de ses confidences…

J’ai toujours écrit.

J’ai rempli des cahiers, des carnets, des calepins, des blocs notes.

J’ai refais le monde sur des feuilles volantes, craché mon adolescence sur tous les tickets, des bouts de rien qui devenaient tout.

J’ai pleuré sur l’encre et je trouvais ça beau.

J’ai recopié mes hits, en m’appliquant dans les déliés et imagé mes stars d’alors par des collages maladroits.

J’ai bloqué, écris, réécris, corrigé mes dissertations.

J’ai bâtis avec découragement et détermination mes mémoires, rapports de stage.

J’ai gribouillé, gratouillé, grabouillé, déchiré pour que mes colères disparaissent en lambeaux.

J’ai cru à l’amour en écriture et tenté de relier mes amis par le pacte de mes graphes.

J’ai exorcisés mes démons et mes brûlures.

J’ai combattu mon double sur le ring de phrases incohérentes, et rageuses.

J’ai vaincu la peur de ne pas exister en me relisant.

J’ai pris la plume quand j’avais perdu l’usage de ma voix.

J’ai tenté de rattraper l’irrattrapable, osé les mots pour régler mes comptes avec moi-même.

J’ai capturé des souvenirs pour traverser le pont des deuils.

J’ai décliné les poèmes de l’absence, l’attente, la solitude.

J’ai offert mes mots d’amour à ceux que j’aime.

J’ai commencé à me dévoiler dans une nouvelle inachevée.

J’ai, sans le savoir, amassé un recueil de lettres d’amour, inédites.

J’ai soigné mes écrits pour être reconnue.

J’ai trimballé un carnet dans mon sac jusqu’à en oublier son existence.

J’ai testé les chiffres et les lettres dans la paume pour ne pas oublier.

J’ai imaginé, rêvé de devenir écrivaine pour passer chez B.Pivot.

J’ai fantasmé sur une chambre à soi pour écrire.

J’ai vite abandonné le principe de l’écriture entre 6h et 7h.

J’ai couché des phrases entre sommeil et veille, dans le noir, à l’aube.

J’ai perdu mes mots par flemme d’en laisser trace.

J’ai tourné en rond et retrouvé les mêmes délires textuels.

J’ai scripte mes états d’âme sur décor intérieur.

J’ai collectionné mes tablettes de pictogrammes.

J’ai calligraphié de belles phrases, les maximes, quelques vers de Prévert, Aragon et Rimbaud.

J’ai expérimenté les strophes, les haïkus, la nouvelle, l’épistolaire, la prose improvisée, le mémoire de recherche, l’écrit professionnel, la carte postale, le texto, le mail, la dédicace, l’acrostiche, le tautogramme…

J’ai défié « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » de Boileau.

J’ai fais du hula hoop pour remuer les 26 lettres.

J’ai tricoté des émotions en écoutant la voix du monde.

J’ai essayé l’encre, le feutre, le crayon et la plume.

J’ai apprivoisé mon clavier mais souvent préféré le stylo.

J’ai fixé l’écran comme la page pour espérer l’idée géniale.

Ce premier tautogramme est né il y a quelques années. En cherchant mes mots pour dénicher mes maux, j’ai exploré les fabriques d’écriture.

J’ai tenté le C, la lettre facile, en croissant de lune. Celle qui crépite, chuinte, chatouille, chavire.

J’ai esquissé Coralie et Costes, un couple de coraux échoués au crépuscule de leurs cœurs chavirés.

J’ai construit leur cabane, une coquille entrouverte.

J’ai cadencé leurs colères et leurs chagrins.

J’ai cédé à leurs caprices en leur ouvrant le chemin de leur candeur.

Je leur ai chuchoté une comptine carambolesque.

J’ai clos le C au crépuscule de mon inspiration.

J’ai publié le C à mon retour d’Amsterdam le 23.04.2010.

Demain vous avez rendez-vous avec Coralie et Costes…

Les dessous de la lettre C...

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