Haiku venu du Japon
Bien tranquillement
elle observe la montagne
la grenouille verte
ISSA
Deux siècles plus tard, la grenouille verte observe avec inquiétude la centrale qui crapaute des volutes de fumée noire. L'amphibienne toussote, crachote. Elle a perdu sa voix. Son coassement est éraillé comme si elle avait trop fumé.
Les cadavres jonchent la plage, recouverts d'un sable mortuaire. L'air est vicié, le vent ne souffle plus, ici le temps s'est arrêté, sidéré par la vague meurtrière. En apnée, la vie humaine s'effondre.
Le progrès continue son ascension, sa gloutonnerie...La terre explose, comme une baudruche trop pleine, striée, meurtrie, l'équilibre est rompu.
La grenouille ne sait plus où aller. Tout autour d'elle n'est que cendre et désolation. Elle s'en retourne chercher consolation auprès de son crapaud d'amour...