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Chatouillement De L'Âme
1 avril 2011

Un temps pour elles, intempor-elles.4

 

 

 « Le bonheur repose sur la confiance alors que l’amour exige du doute, de l’inquiétude. Pour être heureux on a besoin de sécurité alors que pour être amoureux on a besoin d’insécurité. » P.Sollers

 A la source de mes doutes, du goût du risque, de l’inattendu, du chatouillement de l’âme  se nicherait-il  l’état amoureux ?La sécurité m’étouffe.  Courir, expirer, inspirer, humer, perdre pied, vertige de la surprise. Etre en déséquilibre, ne dit-on pas « tomber » amoureux.

 Le bonheur se pense furtif, volatile. Parfois le bonheur accepte de faire une pause, un peu plus longue. Dès que je m’assoupis sur le bonheur il tente de m’échapper,  se fond dans les vibrations de la banalité ambiante. Il se doit d’être sans cesse conquis, capter dans mon viseur. Je l’attrape, en poursuivant mes interrogations. Prendre soin de moi,  de l’autre, tisser du nous, remonter de nouvelles mailles, serrez le fil juste ce qu’il faut,  pour que chacun respire. 

Originel, l’amour porte la vie : qu’il soit fantasmé, idéalisé, réel,  présent, ou renié, contré par la haine ou le rejet.

L’amour porte l’existence : qu’il soit image, idée, vibration ou sensation.

L’amour de soi et des autres : qu’il soit narcissique, fraternel, filial, parental, amical, amoureux…

L’amour gardien des espèces : humaines ou  animales, amphibiennes  ou mammifères.

L’amour foudre ou construit, l’amour d’un instant qui bascule ou d’une vie qui se tisse…

Aujourd’hui l’amour exigeant de soi est ringard, désuet. Zapping, changement d’angle quand le ciel s’assombrit et que la tempête menace. On aime au rythme de  la force des vents, on girouette. Notre société est celle de l’individualisme ou plutôt de la solitude, du temps à soi, pour réfléchir, sur son destin, sur son existence. Chacun apprivoise l’ennui ou s’en défend en étant dans le mouvement permanent. Nous chosifions la vie, devenue un bien  à consommer, une croisière touristique, un jeu vidéo gagnant/gagnant.  Différents programmes existentiels : certains sont déconseillés  aux âmes sensibles, d’autres réservés aux winners.

 Nous sommes condamnés à investir notre existence, quelle qu’elle soit : en combattant, en minaudant, en consommant, en méditant, en haranguant les foules, en mendiant, en pleurant, en hurlant ou en souriant…L’époque de la course au bonheur comme seul idéal humain est révolue. Le monde a basculé dans la menace tectonique du manque d’espace, de temps, de ressources. Il n’y en a plus pour tout le monde. La terre est trop étroite. Les hommes ont pris trop de place.  L’auxiliaire avoir extermine l’être.

Mais que de digressions dans les parois fragiles de son cortex.  Elle hésite. Elle se réserve toujours ce quart d’heure matinal, à demi éveillée, à demi endormie. L’instant qui détermine sa conscience du jour. Le lien entre la nuit et le jour, l’ombre et la lumière. L’entrelacs de ses espérances, ses doutes et ses angoisses, déjà remises au fond de son âme. Ses fantômes feront la farandole cette nuit, elle n’en veut rien savoir.

Son corps s’étire, elle se ramasse en boule pour se lever sans à-coup. Elle ouvre le rideau, regarde dehors sans voir, sa main machinalement décroche l’espagnolette. L’air entre, la vie se renouvèle. Encore dix minutes de répit. Elle se recouche.  Retrouver la chaleur, les odeurs de sa nuit, l’intimité de son lit, épouser la forme laissée sur les draps par son corps noctambule, abandonné. Elle doit trouver une transition pour retrouver une place dans le monde. Réflexe radiophonique. Les voix familières de la matinale. Ils l’agacent parfois, eux si réveillés, déjà dans l’agitation du monde. Quand l’actualité s’ouïe trop violente, elle opère une transition vers un  passage musical: sonate pour piano ou symphonie pastorale, le réveil lui semble plus doux.Le réveil  égrène ses chiffres, sans ciller. Son café est tiède. En reprendre un dernier avant de devoir se mettre debout. « Je ne suis pas prête, mais il est l’heure. » Elle pose un pied puis deux, sur le sol du jour nouveau…

LN

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