Au fil d'une oeuvre, deux maîtres de Venise...
Me voici en cette journée très hivernale au Musée Jacquemart-André pour un voyage avec deux maîtres de Venise, Canaletto et Guardi. Un éblouissement vénitien pour une amoureuse de Venise et une passionnée de Venise.
"De tous les védutistes qui s'attachent à immortaliser Venise, Canaletto et Guardi s'imposent comme les deux figures majeures. Le premier établit avec brio les règles d'un genre que le second reprendra en leur imprimant son propre style. Lorsque l'un disparaît de la scène vénitienne, l'autre se révèle, plus émule que rival." Connaissance des Arts
L'exposition est conçue comme une mise en miroir des oeuvres des deux peintres, une étude comparative où il n'est pas toujours évident de distinguer de qui Canaletto ou Guardi est l'auteur du tableau.
Deux genres sont distingués, la veduta et le capriccio.
La veduta est un thème figurant des vues de la vie quotidienne à Venise. Conçues comme des cartes postales, elles sont destinées à rappeler des moments heureux aux aristocrates anglais qui venaient au 18ème siècle faire le Grand Tour, celui de Europe où Venise, au même titre que Florence , Rome ou Naples est incontournable. Venise, à cetet époque, vit un déclin économique et politique, conjugué, paradoxalement, à un grand rayonnement culturel.
Antonio Canal, dit Canaletto (1697-1768) est un peintre d'origine hollandaise. Canaletto a un goût pour les détails, une grande attention à la composition et un sens de la perspective qui donne une profondeur soutenue à ses toiles. La place Saint- Marc, lieu emblématique de la ville sera un de ses sujets favoris.
Francesco Guardi (1712-1793) reprend des effets de clair obscur et des tonalités brunes inspirées des oeuvres de jeunesse de son maître. Il affirme plus de liberté, initiant de nouveaux modes d'expression. Les cieux se font plus sombres, les personnages et embarcations prennent plus d'importance dans la composition. Il utilise des contrastes lumineux, une palette chatoyante et développe un goût des effets atmosphériques. En cherchant à capter la vibration de la lumière et ses reflets sur les façades, il déforme le réel pour figurer une Venise rêvée. Contemplative devant ses tableaux, je suis fascinée par cette luminosité rosée aux reflets d'argents qui donne une atmosphère veloutée. Il s'agit pour lui moins de décrire Venise que de magnifier l'étendue du ciel dominant les eux mouvantes de la lagune, un de ses thèmes préférés.
Canaletto et Guardi vont développer un goût pour le capriccio , appelé caprice, un nouveau genre dans lequel un lieu est orné d'édifices imaginés, conférant au peintre la liberté d'esprit et la fantaisie propres à l'art baroque.
Guardi
Au 19ème c'est par les yeux de Canaletto et Guardi que les écrivains et peintres voient Venise. Les oeuvres de Guardi, Bellotto (neveu de Canaletto), seront jusqu'à la fin du 19ème vendues et répertoriées sous le nom de Canaletto.
J'ai retrouvé la magie, ressentie dans les bras lagunaires de la Sérénissime. Je me suis régalée, de ce détour en gondole, sous une lumière douce, feutrée et rosée. Un moment magique comme mes séjours vénitiens...
Cette exposition se termine Lundi 21 janvier, mais Canaletto à Venise au Musée Maillol a lieu jusu'au 13 février. Autre possibilité, à l'occasion d'un séjour Londonien je vous incite à admirer les Canaletto dont la Couronne d'Angleterre possède la plus importante collection de par le monde.
Au fil d'une gondole...
LN